Par suite d’échanges, de réunions de travail avec les membres de la commission urbanisme et les services techniques de la commune, l’agence Sortons du Bois, paysagistes-urbanistes de Cernay est en mesure de nous proposer une esquisse de la future place de la mairie.
Le chantier commencera début octobre, les gros travaux de démolition seront réalisés pendant les congés de la Toussaint (hors période scolaire).
Les habitudes seront bouleversées…
La démolition de l’ancien bâtiment de la CMDP, dont la hauteur est supérieure à celle de la mairie, engendrera un grand vide. Apparaîtra alors un dénivelé de 12%…
Pour atténuer ce dénivelé, il sera créé « une plate-forme », support d’une place d’agrément, accessible par des marches. Cette place d’agrément se veut être un point de rencontre pour les habitants, un point d’arrêt pour les randonneurs et les cyclistes. Espace abrité, point d’information, fontaine pareront cette place.
Une zone de plantation sera en contrebas. Huit places de parking seront réparties à deux endroits différents.
L’actuelle place de la mairie sera réduite et ne servira plus de stationnement hormis la place PMR.
Les revêtements seront désimperméabilisés dans la mesure du possible : places de parking alvéolaires, place d’agrément… pour faciliter l’infiltration des eaux pluviales. L’implantation de quelques arbres décoratifs amènera une touche de fraîcheur.
Et l’essentiel : la nouvelle voie aura une certaine courbure pour faciliter visibilité et sécurité !
Les plans sont consultables en mairie.
Un brin de nostalgie
Avec la démolition de ce grand bâtiment rose, une page de l’histoire de Breitenbach se tourne…
Les personnes qui y ont habité, les personnes qui y ont travaillé, les personnes qui y sont passés…se souviennent des moments vécus dans ses murs… Avec son accord, je vous transmets les souvenirs de Gustave Muller, souvenirs que les plus Anciens se commémoreront.
J’ai lu dans la presse que 2023 sera probablement l’année de la démolition du « Crédit Mutuel ». Je pense que quelques anciens se souviendront encore qu’avant le Crédit Mutuel cet immeuble était l’hôtel restaurant « Au Rendez-vous des Chasseurs » tenu par mes parents jusqu’en 1960.
Je suis né en 1941 dans une chambre du premier étage. A l’époque on naissait à la maison et non à l’hôpital. C’était la guerre, l’immeuble avait été réquisitionné par la Wehrmacht et grouillait d’officiers allemands. Mais après l’armistice de 1945 tout est rentré dans l’ordre et la vie a pu reprendre son cours normal dans le village. Nous avions onze chambres, toutes occupées par des français « de l’intérieur » en été. A l’étage une salle nous permettait de servir souvent une centaine de couverts et au rez-de-chaussée le bar accueillait la clientèle locale. Parmi les habitués qui déjeunaient tous les jours il y avait notre plus ancien et fidèle client, monsieur Dobeli, métreur chez Triacca à Munster et qui a déjeuné quotidiennement du premier jour en 1935 à la fermeture en 1960. Il y avait aussi Emile le cordonnier, monsieur Hunsinger l’instituteur, madame Swander la postière et des livreurs qui faisaient volontiers le détour car la cuisine était excellente et les portions gargantuesques. Le samedi soir c’était l’affluence. Plusieurs tables étaient occupées par les joueurs de cartes, belote et skat et les voisins venaient souvent en famille passer une bonne soirée à bavarder et à même chanter ensemble quelques fois.

Mais un beau jour un ami de mon père qui possédait un magasin d’électroménager à Colmar lui a proposé de nous installer la télévision. Il pensait, à juste titre que nous étions bien placés pour capter les ondes hertziennes ce qui n’était pas le cas partout. C’était un événement dans le village. Nous avions la télé avec deux chaines, une française et une allemande et le succès a été immédiat. Les jours de retransmission de grands matches ou d’étapes du Tour de France avec Roger Hassenforder il y avait tellement de monde qu’on n’arrivait plus à servir. D’ailleurs il n’y avait pas grand-chose à servir car les clients oubliaient de boire tellement ils étaient obnubilés par les images. C’est le soir que les conflits ont commencé : les pensionnaires des « walsch » voulaient la chaine française, les indigènes la chaine allemande et les joueurs de carte n’avaient plus le droit de parler car les téléspectateurs n’entendaient plus les commentaires des films. Lorsque mon père a reçu sa première redevance, exorbitante pour les cafés avec télé, il a jeté l’éponge et a demandé à son ami de venir reprendre la télé à mon grand désespoir. La vie a repris comme avant mais le ver était dans le fruit; les relais se sont développés et beaucoup de foyers se sont équipés de poste de télévision. Les gens restaient chez eux, la fréquentation des cafés a diminué et beaucoup d’entre eux ont mis la clé sous la porte. Mon père, ancien Maire du village, est décédé en 1960 et c’était la fin d’une époque !
Voici pour la partie « nostalgie ». C’est avec un petit pincement au cœur que je verrai disparaitre ce bâtiment mais il faut aller de l’avant. Je suis sûr que vous avez fait le bon choix et la disparition de cet immeuble donnera une toute autre dimension à la place de la Mairie.
Avec mes meilleures salutations
Gustave MULLER